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Pourquoi calibrer les couleurs de son appareil photo numérique ?
Autant il est simple de calibrer un écran ou une imprimante autant il paraît délicat de calibrer les couleurs d'un appareil photo... La raison en est assez simple : l'appareil ne photographie jamais dans les mêmes conditions de lumière. La partie que l'on appelle l'étalonnage est donc pratiquement impossible sauf peut-être en prise de vue studio. Nous allons voir dans ces pages que c'est tout de même possible et surtout intéressant... souvent seulement subtil mais intéressant !
Je suis longtemps resté dubitatif devant le calibrage des couleurs des appareils photo. Je n'en étais pas aussi convaincu que pour les écrans et les imprimantes. Cependant, j'ai un peu changé d'avis. Je n'arrive toujours pas à avoir un résultat parfait sur toute la ligne - c'est-à-dire un seul profil pour toutes mes photos - et je continue de penser que le résultat par défaut est vraiment convenable mais aujourd'hui, d'autant plus si l'on travaille en RAW. Seulement attention, les choses ne sont pas si simples ! Pas plus que je ne photographie qu'avec un seul objectif, je ne travaille avec un seul profil d'appareil photo. Je choisis tout le temps parmi deux ou trois profils créés sur mesure... ou pas car, en 2020, je n'arrive pas à trouver LA solution parfaite (le profil ICC parfait).

Principes du calibrage des couleurs d'un appareil photo numérique ?
A priori, parce que comme n'importe quel appareil de reproduction des couleurs, il les reproduit avec des défauts ! Si vous avez lu la partie consacrée au calibrage des écrans ou des imprimantes vous savez déjà qu'aucun appareil de reproduction des couleurs, fabriqué à grande échelle, ne sait pas reproduire les couleurs correctement. Cela coûterait trop cher. Or le calibrage individuel de chaque appareil est simple et coûte aujourd'hui peu cher. Le meilleur des deux mondes quoi !!!
Pourquoi calibrer les couleurs d'un appareil photo ?
On demande à un appareil photo de photographier des couleurs - une charte de couleurs étalonnée (comme la fig. ci-dessous) et il en photographie d'autres, légèrement différentes le plus souvent. Pas de quoi gêner monsieur et madame tout le monde car c'est souvent subtiles sur les couleurs "courantes" mais parfois plus gênant pour un photographe soucieux de la "bonne" reproduction de ses couleurs.
Or, on peut y remédier en tout ou partie selon les circonstances ! On appelle cela le calibrage. Pour cela on a besoin, comme pour un écran ou une imprimante, d'une charte à photographier. Une charte couleurs est un ensemble de couleurs de références comme sur l'image ci-dessous, dont les couleurs sont donc parfaitement connues. Ces couleurs, imprimées puis mesurées avec une grande précision, sont des couleurs L*a*b*. Or le processus de calibrage de l'appareil photo consiste à comparer CES couleurs photographiées avec les couleurs "réelles" et parfaitement connues de cette charte. L'appareil photo aurait du "voir" 24 patchs couleurs (dans notre exemple) et il en a vu très légèrement d'autres. La comparaison entre les deux avec un logiciel spécial permet de créer le profil ICC de CET appareil photo et donc de l'optimiser, de lui "rendre" la vue ! |
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Que calibre-t-on dans un appareil photo ?
La création du profil ICC de l'appareil photo va permettre de jouer finement sur deux critères importants :
1- La saturation et la teinte de chaque couleur (ça c'est classique !) - En tous cas, c'est ce à quoi on peut penser logiquement. Il est même possible de le faire manuellement après la création du profil dans Camera Raw ou Lightroom par exemple. On appelle cela l'édition du profil ICC. Cela se trouve dans ces logiciels dans l'onglet "étalonnage de l'appareil photo". Camera Raw ou Lightroom proposent d'ailleurs plusieurs éditions de profils sous les noms suivants : Adobe Standard, Camera Portrait ou encore Camera standard...
C'est là que viennent se ranger certains profils ICC sur mesure lorsqu'ils sont réalisés avec la mire X-Rite ColorChecker Passport 2.
2 - La courbe de rendu dans les hautes et basses lumières (ça, ça l'est moins !) - Cela impose de photographier en RAW si vous voulez créer vos propres profils ICC. Avec une courbe plus douce que la courbe par défaut par exemple comme dans les profils générés par Christophe Métairie, vous récupérerez "naturellement" davantage de matière dans les hautes lumières, sans avoir déplacé le moindre curseur sur les photos légèrement sur-exposées !

Comment sont calibrés nos appareils photo numériques (APN) par défaut ?
Petit rappel : un appareil photo, quel qu'il soit donc même un smartphone, ne sait pas prendre autre chose qu'un fichier RAW (une photo brute). Ils ne prennent jamais un Jpeg directement même s'ils ne nous livrent qu'un Jpeg. Que ce passe-t-il alors en terme de gestion des couleurs à l'intérieur ?
Prise de vue en format JPEG
Un fichier RAW est donc une photo brute qui a besoin d'être "développée" ou "dématricée". Ce sont les termes que l'on utilise le plus souvent pour décrire cette étape. Soit cela est fait directement dans l'appareil soit on peut le faire nous-même. À l'intérieur de l'appareil, tout se fait dans un "mini Photoshop". Le fichier RAW est ouvert et pour afficher les bonnes couleurs, vous savez maintenant que ce mini PS lui attribue SON profil ICC, celui des ingénieurs. Ensuite, pour devenir un Jpeg, la photo a besoin d'être convertie dans un espace couleur dit "neutre" comme le célèbre sRGB. L'image ne peut en effet rester dans le profil ICC de l'appareil photo car celui-ci "contient" les "défauts" de l'appareil photo. Tout cela est expliqué sur ce guide... |
La séquence Attribution > Conversion se fait donc automatiquement dans l'appareil photo pour obtenir une photo Jpeg aux belles et bonnes couleurs... Si on travaille en Jpeg ! |
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Cela permet d'afficher correctement les couleurs sur leur écran arrière notamment. Les ingénieurs de chez Nikon, Canon, etc. créent donc un profil ICC par modèle en photographiant des mires comme le ColorChecker Classics d'X-Rite (ci-dessus). Ensuite, ils incorporent celui-ci dans les appareils pour prendre des photos en JPEG avec les "bonnes" couleurs.
Que se passe-t-il avec les fichiers RAW développés hors du boîtier ?
Seulement avec de nombreux appareils photo amateurs ou professionnels, il est possible de ne travailler qu'en RAW ou RAW + Jpeg afin de faire ce dématricage soi-même, dans un logiciel dédié comme Camera Raw de Photoshop, dans l'onglet Développement de Lightroom, DXO ou autres afin d'obtenir des résultats encore meilleurs. Comment fonctionne ce calibrage par défaut et la gestion des couleurs dans ces conditions ?
1 - L'attribution du profil ICC - Si vous photographiez en RAW, vous n'allez plus utiliser le profil ICC créé par les ingénieurs de votre boîtier préféré mais ceux créés par les ingénieurs du logiciel de dématricage. Fondamentalement, c'est la même chose : le profil ICC générique créé par les ingénieurs du logiciel est attribué à la photo à l'ouverture dans ce logiciel. Les couleurs diffèrent en général légèrement par rapport à celles du boîtier en Jpeg. Meilleures ou moins bonnes reste à l'appréciation de chacun ! |
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3 - La conversion vers un espace couleur neutre (sRGB, ProPhoto, etc.) - Après avoir effectué vos différentes optimisations dans le logiciel, vous devez choisir l'espace colorimétrique neutre de destination : sRGB, Adobe RVB (Adobe RGB) donc comme sur le boîtier mais, et c'est là un avantage déterminant, ProPhoto également, avant d'ouvrir votre Photo dans Photoshop par exemple. |
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La séquence attribution (éventuellement édition) > conversion est ainsi respectée.
Remarque sur les profils ICC génériques...
Tous les numéros de série d'un même modèle utilisent le même profil ICC donc on parle d'un profil générique or on sait que c'est très loin d'être l'idéal tant nos appareils sont fabriqués avec des contraintes suffisamment larges pour ne pas rendre leur coût de production trop délirant. Rien que cela justifierait que l'on calibre nos APN un à un ! Dans la pratique, sur les appareils photo, je ne trouve pas cela trop gênant.
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La force du développement des fichiers RAW en terme de gestion des couleurs ne tient donc pas dans le profil ICC attribué à nos images, quelles soient JPEG ou RAW car il s'agit forcément d'un profil ICC générique. Il est sensé être bon pour tout le monde ! Or chaque appareil est légèrement différent de son voisin...
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Cette force tient dans la possibilité d'améliorer ou optimiser ces images par rapport au "mini Photoshop" incorporé dans nos boîtiers et, pour ce qui est de la gestion des couleurs, de choisir un espace couleur plus grand que l'Adobe RVB 1998, le plus grand que l'on trouve dans tous nos boîtiers.
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Or, vous savez peut-être (sinon je vous invite à lire ma page choisir son espace de travail) que celui-ci est maintenant trop petit pour contenir toutes les couleurs les plus saturées qu'est capable de photographier un APN aujourd'hui et surtout que nos imprimantes jet d'encre sont capables d'imprimer sur papier Glossy.
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Suite : comment calibrer les couleurs d'un appareil photo ?  |
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Le calibrage de l'appareil photo est devenu très abordable et simple mais à la condition de photographier en format RAW.
Les profils génériques - créés par les fabricants d'appareils photo - sont souvent très corrects donc les profils sur mesure sont souvent peu spectaculaires mais ils apportent un vrai plus : sans me décider car cela dépend des photos, j'aime beaucoup les profils ICC créés à partir de la charte ColorChecker (avec la solution ColorChecker Passport photo 2 ou mieux, les profils de Christophe Métairie).
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