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Les espaces couleurs et gamuts en photo et vidéo
Un espace couleur est un ensemble de couleurs appelé également gamut. Le premier d'entre eux ? Celui de l’œil humain. Mais il en existe pleins d'autres, plus petits, dédiés à la photo et vidéo. Le gamut d'un écran ou d'un moniteur vidéo par exemple représente toutes les couleurs qu'il est capable d'afficher... car ils n'affichent malheureusement pas toutes les couleurs qu'est capable de voir un être humain, le fameux espace L*a*b*. Idem pour une imprimante. Et c'est bien là tout l'enjeu du choix du bon espace couleur : trouver celui qui ne bridera pas votre pratique en ne permettant pas d'afficher ou d' imprimer les couleurs les plus saturées. Mais au fait, pourquoi en avoir inventé autant et ne pas utiliser seulement le L*a*b* ?
Et ce n'est toujours pas le cas en 2024, loin de là !
Les modèles colorimétriques RVB
Un espace couleur représente donc un ensemble de couleurs "visibles" ou "affichables" par un être humain ou un appareil. Cet ensemble couleur est également appelé gamut. Il existe plusieurs modèles colorimétriques ou espaces colorimétriques : RVB, CMJN, L*a*b* ou CIEXYZ et en RVB, il existe plusieurs variantes englobant plus ou moins de couleurs très saturées dont les plus connus sont le sRVB, l'Adobe RVB également parfois dénommé Adobe RVB 1998, le ProPhoto en photo et le DCI-P3, le Rec. 709 ou encore le Rec. 2020 en vidéo. On dit de certains modèles colorimétriques qu'ils dépendent des périphériques (de nos appareils) et on les appelle alors des profils ICC et d'autres qu'ils sont indépendants et on les appelle des espaces couleurs. Enfin, certains espaces couleurs sont également appelés espaces de travail dans certaines circonstances. Lesquelles ? Lequel choisir dans les logiciels de retouche photo ou de montage vidéo ? Dans son appareil photo ou sa caméra ? À partir duquel peut-on se représenter numériquement une seule couleur - absolue -, celle perçue par un œil humain standard, pour répondre aux questions posées ci-dessus ?
Le point de départ de la gestion des couleurs : l'espace couleur CIE xyz et l'espace L*a*b*
Les couleurs se nuancent en environ huit millions de nuances différentes pour un œil "moyen" (mais performant !) d'après les essais cliniques réalisés par la CIE (Compagnie Internationale de l'Éclairage) à la fin des années 1920 et publiés en 1931. La CIE et les mathématiciens ont eu besoin de les représenter mathématiquement sur un graphique à trois dimensions (donc en volume) dont deux apparaissent sur la figure ci-dessous (donc en plan). Il s'agit du fameux espace colorimétrique CIE XYZ 1931. Les figures ci-dessous vous sont peut-être familières. Elles représentent le diagramme de chromaticité (à gauche) et l'espace L*a*b* (à droite). Ces figures représentent les couleurs visibles par l'être humain mais de deux manières différentes (nous en reparlerons plus tard) et vont donc servir tout le temps par la suite. |
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Chaque appareil possède son espace couleur propre également appelé gamut, intégré dans son profil ICC. |
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Ici, l'or serait l'équivalent de la valeur L*a*b* alors que 100 et 30 l'équivalent des valeurs RVB. |
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Que veut dire "Dépendant" ou "indépendant" d'un périphérique ?
Tout serait parfait dans le meilleur des mondes de la gestion de la couleur si tous les écrans et les imprimantes pouvaient reproduire ou afficher toutes les couleurs qu'un être humain peut distinguer et en plus sans introduire de défauts ! Mais ce n'est malheureusement techniquement pas possible ou coûterait fort cher...
L'ensemble des couleurs qu'un périphérique peut reproduire - son espace couleur - est toujours plus petit que l'espace L*a*b* à cause des limitations techniques et quand on lui donne à voir, à afficher, à imprimer, une couleur précise on ne sait pas, tant qu'il n'a pas été calibré et caractérisé (donc comparé à un étalon avec un appareil spécial et donc tant qu'il ne possède pas de profil ICC), ce qu'il a réellement perçu, ce qu'il peut réellement afficher ou imprimer. C'est très important là aussi. Les limites de chaque espace couleur de périphérique que l'on ne peut connaître que grâce à sa calibration sont représentées sur la figure ci-dessous, et sont la conséquence de :
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Pour les écrans : la luminosité mini/maxi et la saturation maximum de chaque pixel (donc de la qualité du filtre RVB utilisé);
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Pour les imprimantes : la profondeur du noir / blancheur du papier et la saturation des colorants ou des pigments des encres;
Sur la figure ci-contre, l'espace L*a*b* est représenté par le carré coloré et les limites des autres espaces par des traits continus de différentes couleurs. En vert est représenté le gamut d'une imprimante sur papier brillant (de type Glossy) et en rouge le gamut d'un écran Art Graphique proche du sRVB. Tous les deux sont nettement plus petits que l'espace L*a*b* et on voit clairement que l'imprimante est capable d'imprimer des cyans/verts que l'écran est incapable d'afficher ! En surface ils sont environ quatre fois plus petits que l'espace L*a*b* ce qui donne très rapidement deux millions de couleurs.
Mais il est une autre caractéristique des espaces couleurs de périphériques qui ne se voit pas ici : leurs défauts. Si vous prenez la valeur RVB XXX, donc trois fois la même, la couleur ne sera pas représentée à la croisée des lignes -a+a/-b+b mais très légèrement en dehors. Les valeurs grises sont en fait légèrement colorées : c'est leur défaut que ces deux lignes (verte et rouge) ne montrent pas sur cette figure. Et chaque périphérique a le sien, à chaque fois légèrement différent. Notons au passage que les différences sont moins importantes en 2019 qu'en 2000.
Ainsi, sur le papier dans cette représentation, n'apparaît pas la différence liée aux défauts du périphérique par rapport aux espaces couleurs DonRGB, sRVB, Adobe RVB et pourtant les espaces couleurs des périphériques sont dits dépendants. Notez enfin qu'ils sont toujours en RVB.
Les espaces couleurs dépendants d'un périphérique (le gamut d'un profil ICC)
L'espace couleur qui dépend d'un périphérique décrit :
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Toutes les couleurs que celui-ci peut acquérir (scanner, appareil photo numérique, caméra...), afficher (moniteur, écran), ou reproduire (imprimante) par rapport aux couleurs L*a*b*. Son espace couleur est également appelé son gamut.
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Tous ses "défauts" ou ses caractéristiques colorimétriques plus exactement. Durant le processus de calibration et de caractérisation d'une imprimante par exemple, l'appareil de calibration mesure toutes les couleurs qu'elle est capable d'imprimer mais aussi comment elle le fait. Ce sont ses caractéristiques. Dit autrement, est-ce que l'imprimante imprime correctement les couleurs ! On lui demande par exemple d'imprimer telle couleur L*a*b* et elle imprime telle autre couleur L*a*b* très légèrement différente. La différence et donc comment corriger cette erreur est contenue dans le profil ICC de CETTE imprimante sur ce papier.
Pour ce faire, on lui donne à imprimer des couleurs de références - un fichier mire de référence - et elle va en imprimer bien d'autres ! Ces informations - différences entre la couleur à imprimer et la couleur imprimée - sont placées dans un fichier spécial : son profil ICC que nous étudieront en détail page suivante. D'ailleurs, pas plus qu'aucune imprimante n'est parfaite, aucun appareil de calibration ne l'est non plus. Même si elles sont minimes, les erreurs dans le profil ICC seront réelles. Cependant, avec du bon matériel de calibrage il est évident qu'on s'en approche tellement que l'on peut considérer sans peine que les couleurs sont parfaitement corrigées et neutralisées.
Les espaces couleurs indépendants
Dans un espace indépendant d'un périphérique, l'espace couleur résulte d'un calcul et non d'une mesure. Il est donc plus ou moins grand mais neutre. Un même pourcentage de RVB donnera bien un gris parfaitement neutre cette fois. C’est le cas, je le répète du L*a*b* mais aussi du sRVB, Adobe RVB, DonRGB, ECI-RGB, ProPhoto, Rec. 709, DCI-P3, Rec. 2020... L'espace sRVB (ou son équivalent Rec. 709 pour les vidéastes) a par exemple été créé pour servir de plus petit dénominateur commun en informatique et en imagerie numérique dans le monde.
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Tous les écrans, moniteurs, imprimantes du monde savent au moins reproduire l'espace couleur sRVB en photo et Rec. 709 en vidéo. |
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Comme il ne contient pas toutes les couleurs L*a*b* les plus saturées mais seulement celles qui représentent, à la louche, 90% de nos photographies, tous les appareils récents savent le gérer. Nous verrons lors du chapitre sur la conversion d'une image pourquoi il est important que les espaces couleurs RVB soient notablement plus petits que l'espace L*a*b* et pourquoi, donc, on a créé des espaces colorimétriques RVB plus petits que l'espace L*a*b* et cependant plus ou moins grands.
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Puisque l'on en parle beaucoup sur cette page, il est cependant temps maintenant de parler des profils ICC - 6 / 10 |
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Un espace couleur représente un ensemble de couleur, plus ou moins grand, avec plus ou moins de défauts. Le plus grand de tous est l'espace L*a*b* (celui des couleurs que voient l'homme) et le plus connu est le sRVB en photo et son équivalent Rec. 709 en vidéo, le plus petit dénominateur commun à tous les appareils du marché.
Pour faire court, le Rec. 709 est au vidéaste ce que le sRVB est au photographe et le DCI-P3 idem pour l'Adobe RVB,
Il existe deux grandes catégories d'espaces couleurs :
a) Dépendants des périphériques : c'est l'ensemble des couleurs RVB qu'un appareil photo, un écran ou une imprimante est capable de voir, afficher ou imprimer. Il est donc plus petit que l'espace L*a*b* et surtout, il contient leurs défauts et limites techniques. Il y a autant d'espaces couleurs d'appareils que d'appareils. On les appelle également profils ICC.
b) et indépendants des périphériques : ils sont virtuels, parfaits et plus ou moins grands. Ils ne dépendent pas d'un appareil et sont donc parfaits colorimétriquement parlant. De fait, il y en a beaucoup moins que de profils ICC. En revanche ils sont plus ou moins grands. Un bon espace n'est pas forcément un très grand espace couleur. Les plus connus sont : sRVB, Adobe RVB et ProPhoto en photo et Rec. 709 et DCI-P3 en vidéo. Les espaces couleurs indépendants servent donc comme espace de travail dans Photoshop et surtout dans vos images.
Un bon espace couleur est l'espace dont j'ai besoin pour ma photo ! Si je photographie, filme ou travaille avec des couleurs très saturées, par exemple avec la technique HDR, j'ai besoin d'espaces dits large gamut (plus grand que le sRVB comme le ProPhoto ou le Rec. 2020). Si en revanche j'aime les couleurs "normales", pas spécialement saturées, le sRVB ou le Rec. 709 conviendront très bien ! Si, Si, faites l'essai ! |
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