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Introduction à la gestion des couleurs
Ce guide se veut une initiation à la gestion des couleurs. Il n'est pas écrit par un "théoricien" des couleurs mais par un photographe passionné qui s'intéresse au sujet depuis vingt ans. Vous n'y trouverez donc pas de tests avec plein de chiffres après la virgule mais bien un retour d'expérience pragmatique, concret.
À travers ces dix pages, je souhaite vous expliquer le vocabulaire spécifique de la gestion des couleurs. C'est un vocabulaire nouveau le plus souvent, qui ne fait pas parti de l'inconscient collectif comme le vocabulaire du tirage argentique. Ici, les sondes d'écran et les profils ICC remplacent les éprouvettes, les bacs de révélateurs et les thermomètres.
La gestion des couleurs, voici une étape à ne surtout pas négliger et qui pourtant est encore trop souvent délaissée par les photographes ou les graphistes lorsque qu'ils travaillent leurs images sur un ordinateur. Certes il faut des outils adaptés - sondes de calibration d'écran ou colorimètres, spectrophotomètres, mires, etc. - pour obtenir une très bonne gestion des couleurs mais ce n'est peut-être pas si compliqué que cela... C'est simplement un peu plus long à expliquer que la profondeur de champ car les notions importantes sont nombreuses et le vocabulaire un peu nouveau. En effet, aucun de nos ancêtres ne nous a parlé de profils ICC, de gamuts et autres couleurs L*a*b* !
J'espère cependant vous montrer dans les pages de ce guide d'initiation que la gestion des couleurs n'est pas réservée à une élite mais doit faire partie de la culture de tout photographe, illustrateur, graphiste ou monteur vidéo - amateur ou professionnel - au même titre que la mise au point, la profondeur de champ ou la mesure de la lumière. La gestion des couleurs à l'aide des profils ICC est la base technique de notre nouveau laboratoire, notre laboratoire numérique où la sonde de calibration et les mires ont remplacé nos thermomètres et autres éprouvettes, tout simplement.
J'adresse ici tous mes chaleureux remerciements à Gérard Niemetzky car c'est lui qui m'a initié à la gestion des couleurs, en 2004. Je remercie également toutes les personnes qui de près ou de loin m'ont aidé par la suite, notamment Hervé Petit et bien sûr, Jean Delmas, auteur d'un excellent livre sur la gestion des couleurs chez Eyrolles, avec qui j'ai tant de plaisir à parler gestion des couleurs mais également tellement d'autres choses passionnantes... Mes remerciements ne peuvent faire l'impasse sur le regretté Bruce Fraser dont le célèbre livre "La gestion de la couleur" m'a tant apporté. Je pense enfin à Jeff Schewe et ses livres sur Camera Raw. Merci donc à tous et bonne lecture. |
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Les outils de la gestion des couleurs sont là pour nous simplifier la tâche et nous permettre d'obtenir un résultat contrôlé, pendant le traitement d'une image ou d'une vidéo, de son acquisition par un scanner, un appareil photo numérique ou une caméra vidéo jusqu'au tirage sur imprimante jet d'encre ou Offset ou bien sur un moniteur. Grâce à l'étalonnage et à la calibration de tous les éléments de la chaîne graphique ainsi qu'aux outils de notre système de gestion des couleurs - SGC -, on peut tenir compte des défauts colorimétriques de chacun pour les corriger et obtenir un résultat de très grande qualité tout au long de cette chaîne de traitement de nos photographies ou au montage de nos vidéos.
Quelques éléments pour comprendre...
Depuis le début du siècle dernier, on sait que l'œil humain voit le monde en couleur grâce à des cellules photosensibles qui tapissent le fond de sa rétine. On constate qu'il en existe deux grandes catégories : les bâtonnets surtout sensibles à la quantité de lumière et les cônes, sensibles aux couleurs s'il y a suffisamment de lumière mais avec une particularité singulière : ces cellules sont surtout sensibles dans le Rouge, le Vert et le Bleu. Donc depuis près d'un siècle on sait que l'œil humain ne peut voir que quelques couleurs directement mais reconstruit toutes les autres dans son cerveau par le mélange de ces trois couleurs dites primaires. Puisque l'homme voit en RVB, les ingénieurs ont fabriqué des ordinateurs, des écrans, des appareils photo numériques, des caméra vidéo ou encore des imprimantes qui fonctionnaient également sur ce principe. Ainsi chaque pixel de notre APN ou de notre caméra vidéo voit les couleurs en RVB. À une valeur RVB correspond donc une couleur. C'est très simple à comprendre et à mettre en œuvre. Seulement voilà, si pour un appareil donné, une valeur RVB donnée correspond effectivement à une certaine couleur, à cette même valeur ne correspond pas strictement la même couleur pour un autre APN, dans notre exemple. Autre exemple pour finir de comprendre le problème quand on parle en valeur RVB, pourtant intuitif car calé sur le modèle de l'œil humain : les télévisions. Quand elles reçoivent le même programme télé - donc le même signal RVB - elles n'affichent pas toutes la même couleur !!! |
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Le modèle couleur est donc basé sur le modèle de l'œil humain mais nous emmène dans un monde tortueux où, pour un signal RVB, ne correspond pas une seule et même couleur pour tout le monde mais bien de multiples couleurs avec, certes de faibles différences mais pourtant parfois bien visibles.
N'existe-t-il pas un modèle couleur absolu, un modèle où les couleurs ne sont pas décrites par des valeurs RVB mais par autre chose, absolu, lui ? Ce modèle a donc été "inventé" et s'appelle le modèle colorimétrique L*a*b*. Les couleurs L*a*b* sont des couleurs absolues donc à une valeur L*a*b* correspond une seule couleur que l'on identifie par sa longueur d'onde. Tout l'art de la gestion des couleurs consiste à savoir par quel signal RVB faire correspondre, pour un appareil donné, une couleur L*a*b*.
Ainsi, si notre appareil photo a vu tel rouge L*a*b*, qu'il "traduit" donc par une valeur RVB propre à lui, on va pouvoir imprimer ce rouge L*a*b* ou un rouge perçu comme le plus proche colorimétriquement s'il n'est pas imprimable, grâce aux outils de la gestion de la couleur : le calibrage, la création de profils ICC, l'attribution de profils ICC ou encore la conversion, etc. |
Tout l'art de la gestion des couleurs consiste à savoir quel signal RVB est associé, pour un appareil donné, à quelle couleur L*a*b*.
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La gestion des couleurs et ses outils de création de profils ICC permettent donc de savoir beaucoup de choses sur un appareil donné : s'il peut effectivement voir, imprimer ou afficher une couleur et si c'est possible techniquement pour lui, comment il le fait, donc dit autrement, avec quelle caractéristique ou "quel défaut". Que cela soit possible ou pas, l'information est contenue dans un profil ICC, son profil ICC. Pour le créer, on se sert de sonde de calibrage d'écran, de spectrophotomètre pour les imprimantes et de mires pour les appareils photo numériques. Un profil ICC est donc la carte d'identité couleur d'un appareil numérique. À travers ce guide, j'espère vous familiariser avec ces notions pas si compliquées finalement vous allez voir ! |
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La plaque tournante de la gestion des couleurs est donc basée sur l'ensemble des couleurs réellement perçues par un œil humain (on parle alors d'un observateur moyen), c'est-à-dire les couleurs L*a*b*. En effet, à une couleur L*a*b* correspond une seule couleur, absolue, pour cet œil "normé". Le calibrage (on dit calibration en anglais) de chaque appareil va permettre de savoir par quel signal RVB ou CMJN il traduit cette unique couleur L*a*b* sachant qu'aucun périphérique ne le fait de la même façon dans notre monde pour des raisons techniques. Pour reproduire une seule couleur - une couleur L*a*b* - tel écran devra afficher tel signal RVB et tel autre écran d'une autre marque et même souvent de la même marque, un autre signal RVB (R'V'B').
À une couleur L*a*b* correspond donc autant de signaux RVB, certes très proches, qu'il existe d'appareils ou d'espaces couleurs.
Donc inversement, à une valeur RVB correspond une multitude de couleurs L*a*b* selon l'appareil qui va la reproduire. Il suffit donc de traduire chaque valeur RVB d'un appareil donné par la bonne couleur L*a*b* lors d'un processus qui s'appelle l'attribution du profil ICC avant de le transmettre au périphérique suivant lors d'un autre processus : une conversion - en modifiant cette valeur RVB en une autre valeur R'V'B' - ... pour qu'il imprime, affiche, cette même couleur L*a*b* avec le signal RVB ou CMJN qui lui est propre.
En gestion des couleurs, on ne transmet donc pas, paradoxalement, une info RVB ou CMJN, pourtant si pratique et issue directement du fonctionnement de l'être humain, car elle est trop dépendante des caractéristiques d'un périphérique, mais une couleur L*a*b* - unique - absolument indépendante de tout appareil, couleur que perçoit un être humain "standard". Un profil ICC contient donc les caractéristiques couleurs de chaque appareil et est chargé de faire ce travail de correspondance !
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Et faites vous à l'idée maintenant que nos sondes de calibration d'écran et autres mires viennent simplement remplacer nos thermomètres et nos éprouvettes et tout cela sans rester dans la faible lumière de notre ampoule rouge faiblarde !
Pour commencer, tentons d'en savoir plus sur... L'œil et les couleurs - 2 / 10
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