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Combien de couleurs perçoit notre œil ?
L'œil "voit" - on devrait d'ailleurs plutôt parler de perception - donc perçoit les couleurs d'une manière bien étrange finalement ! Les cellules photosensibles qui tapissent la rétine ne voient, pour faire un énorme raccourci, qu'en rouge, vert et bleu ou carrément qu'en niveaux de gris ! Et pourtant nous "voyons" des milliers ou des millions de couleurs. Tout semble donc se passer dans le cerveau. Mais au fait, combien percevons-nous de couleurs ?

La lumière visible
Avant de comprendre comment l'œil voit les couleurs, intéressons-nous un peu à la lumière.
Propriétés de la lumière
La lumière est une onde électromagnétique (comme une onde radio ou les rayons X) et "sa couleur" dépend de sa longueur d'onde. Comme toutes les ondes, elle possède une infinité de longueurs d'onde différentes qui lui donnent justement ses "couleurs" lorsque l'on parle des couleurs visibles par l'homme. Quand les longueurs d'ondes sont courtes - vers 380 nm - nous les percevons comme du bleu-violet et quand elles sont plus longues - vers 700 nm - nous les percevons comme rouge. L'ensemble des ondes électromagnétiques visibles s'appelle le spectre de la lumière visible. Au-delà du spectre visible pour l'homme se trouvent, du côté des ondes encore plus courtes, les rayons ultraviolets, puis les rayons X et enfin les rayons gamma et du côté des ondes plus longues, on trouve tout d'abord les infrarouges puis les ondes radios. On obtient traditionnellement un spectre de la lumière du soleil si on la fait passer à travers un prisme ou encore à travers des gouttelettes d'eau. Cela crée un arc-en-ciel dans certaines conditions météorologiques où l'on perçoit l'ensemble des couleurs ci-dessous.
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L'œil humain et la lumière
Une image est formée par la cornée (qui est transparente sauf quand on vieillit) et est projetée au fond de l'œil, sur la rétine. Celle-ci est littéralement tapissée de cellules nerveuses. On parle de cellules photosensibles ou photorécepteurs - mais elles ont des propriétés singulières. Tout d'abord, il faut noter qu'elles se divisent en deux catégories : celles sensibles à la couleur - on les appelle les cônes - et celles uniquement sensibles à la clarté (en luminance donc en noir et blanc) que l'on appelle les bâtonnets. Pour voir en couleur donc pour que les cônes soient excités, il faut une certaine quantité de lumière. S'il n'y a pas assez de lumière donc la nuit par exemple, seuls les bâtonnets seront excités et nous voyons alors en niveaux de gris uniquement. Voilà pourquoi on dit que la nuit tous les chats sont gris. Alors certes on ne voit alors pas en couleur mais pour se "rattraper", les bâtonnets sont vraiment très sensibles à de très, très, faibles quantités de lumière ! Cette précision étant apportée, intéressons-nous aux cônes et à leurs propriétés. |
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Synthèse additive ou soustractive ?
Avant d'essayer de mesurer le nombre de couleurs qu'est capable de voir un être humain, essayons de comprendre comment il perçoit les couleurs puisque qu'il ne possède pas un cône sensible à chaque couleur. Pour cela, analysons le fonctionnement... d'un écran et d'une imprimante.
Un moniteur ou une imprimante ne travaillent pas avec les couleurs de la même manière : l'écran travaille avec des couleurs dites additives - Rouge, Verte, Bleue - ou RVB pour donner du blanc par addition comme on peut le voir au centre de cette animation couleur ci-dessous, alors qu'une imprimante travaille en mode soustractif - Cyan, Magenta, Jaune, Noir ou CMJN pour donner du noir par soustraction - (plus bas). Et bien il se trouve que le l'œil humain fonctionne un peu comme un écran (c'est une image bien entendu !) c'est à dire sur un mode additif.
Concrètement, avec un écran qui travaille donc en mode additif, si l'on n'envoie aucun signal RVB aux pixels (0, 0, 0), l'écran reste noir. Il est noir par défaut. Pour obtenir du blanc (255, 255, 255) il faut éclairer chaque pixel Rouge, Vert et Bleu, comme le montre la figure ci-contre au maximum. Les autres couleurs sont obtenues en changeant la valeur de chaque couleur primaire. Pour afficher du jaune par exemple (255, 255, 0), il faut arrêter d'éclairer les pixels bleus (l'écran est bien jaune à l'intersection entre le vert et le rouge car les pixels bleus sont éteints). Seules trois couleurs ne nécessitent qu'un seul pixel. Les trois couleurs primaires et leurs déclinaisons en luminosité (de 0 à 255). Toutes les autres, c'est-à-dire les millions d'autres, seront un mélange d'au moins deux pixels de couleurs primaires plus ou moins lumineux.
Avec une imprimante, on part d'une feuille de papier déjà blanche par défaut car elle réfléchit à parts égales toutes les longueurs d'onde de la lumière visible. Donc là, c'est le contraire, si l'on veut du noir il va falloir projeter sur cette feuille de l'encre aux couleurs complémentaires, c'est-à-dire Cyan, Magenta et Jaune qui ont la particularité d'absorber à chaque fois une partie de la lumière visible. Dans la pratique il faudra aussi rajouter de l'encre Noire car 100% des trois autres couleurs ne permettent pas d'obtenir un noir profond à cause des impuretés contenues dans les encres mais un brun très foncé. On voit très bien sur l'image ci-dessus que le centre est marron et non pas noir. Ces encres projetées au même endroit vont avoir la propriété d'absorber toutes les radiations lumineuses. Cet endroit apparaîtra donc noir maintenant. Si l'on veut que le papier paraisse bleu, il faut projeter dessus, au même endroit, du magenta et du cyan. Toutes les radiations lumineuses, sauf le bleu, seront absorbées. Seules les longueurs d'onde bleues de la lumière seront réfléchies à cet endroit.
Combien de couleurs sont perçues par l'œil humain ?
Restait donc à connaître le nombre de nuances colorées que l'œil humain peut percevoir dans ces fameuses trois couleurs dites primaires. Ce travail fut réalisé dans les année 30 sous l'égide de la Compagnie Internationale de l'Éclairage (La CIE) citée ci-dessus. Elle demanda à de très nombreuses personnes de comparer attentivement des nuances de bleus, de verts et de rouge pour compter combien de couleurs différentes, en moyenne, elles étaient capables de distinguer. Il est alors ressorti de ces batteries de tests deux choses importantes :
- les êtres humains qui ont l'acuité visuelle la plus fine sont capables de distinguer jusqu'à 200 nuances par couleurs,... mais;
- jamais dans les trois couleurs primaires !
- et le gamut de l'œil "moyen" (l'ensemble des couleurs perçues) est très étendu : c'est le fameux espace L*a*b*.
Donc si un simple calcul arithmétique nous donne 200 x 200 x 200 soit 8 millions de couleurs perçues différentes, dans la réalité on en est très loin car les spécialistes des couleurs (chercheurs ou professionnels du marketing couleurs) nous disent que 300000 (trois cent mille à un million) serait beaucoup plus réaliste ! Si un œil très performant est effectivement capable de distinguer jusqu'à 200 nuances d'une même couleur primaire, ce même œil n'atteint qu'exceptionnellement cette prouesse dans les deux autres couleurs primaires.
Conclusion sur la perception des couleurs : certes l'œil humain est parfois capable de distinguer de nombreuses nuances pour une couleur donnée mais globalement il faut tout de même une différence importante entre deux nuances d'une même couleur pour que, sans ambiguïté, cette personne puisse affirmer qu'il a bien perçue deux couleurs différentes. Cela ne l'empêche pas de percevoir un gamut très important et large, le fameux espace L*a*b*. On commence à deviner que plusieurs combinaisons RVB coderont donc pour une même couleur perçue par un individu...
Il est maintenant venu le temps de savoir comment on décrit "informatiquement" une couleur. Typiquement, les couleurs sont décrites grâce à trois ou quatre chiffres selon que l'on travaille en RVB ou en CMJN, toujours avec comme objectif de reproduire le fonctionnement de l'œil humain. Ainsi telle couleur sera notée - 158, 128, 84 - en RVB et - 80%, 64%, 21%, 12% - en CMJN. Mais pourquoi ces chiffres et à quelle couleur perçue par un œil cela correspond-il exactement ? |