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Comment afficher le HDR en vidéo et sur les télévisions ?

 

Dossier HDR en photo et vidéo - 4/5 : comment fonctionne un moniteur ou une télévision HDR ?

Publié le 25 décembre 2020   |  Mis à jour le 12 novembre 2024

 

Sur un écran ou une télévision HDR, on cherche à afficher les noirs les plus profonds, les luminosités les plus élevées afin d'obtenir les contrastes les plus élevés pour que l'expérience visuelle soit la plus réaliste possible et donc la claque visuelle soit la plus forte possible. Mais comment s'y prend un écran ou une télévision pour obtenir un tel résultat et en quoi est-ce différent des écrans SDR ?


Contrairement à une image SDR, une image HDR est une image où vont être présents soit des noirs vraiment profonds, soit de très fortes intensités lumineuses soit les deux en même temps dans les cas les plus extrêmes. Mais comment s'y prennent les fabricants d'écrans et de télévisions pour obtenir des tels impacts visuels alors que nos écrans SDR sont traditionnellement bien "tranquilles" à côté... et pourtant bien suffisants dans de nombreux des cas ? En effet, la vraie vie n'est pas faite que de couleurs éclatantes, de reflets spéculaires et de contrastes diaboliques ! Cela dit, il est vrai aussi que sur les écrans "classiques" ou SDR, dit autrement non HDR, les noirs semblent parfois "seulement" gris foncés et les hautes lumières vite blanches mais un peu pâles tout de même donc sans détail et pas franchement éclatantes ou lumineuses...
Avant d'étudier les spécificités des différentes normes HDR sur la page suivante, voyons sur cette page comment les fabricants de moniteurs ou de télévisons s'y prennent en 2024 pour obtenir des images flamboyantes.

   
 
 

Guide d'achat des écrans photo et vidéo par Arnaud Frich

 
 
 

 


Mais alors, quelles sont les spécificités techniques des écrans HDR en 2024 ?

Maintenant que nous avons vu page précédente les points communs entre la photo et la vidéo HDR ainsi que les spécificités d'une image très dynamique, nous allons nous intéresser davantage aux spécificités de la diffusion de vidéos et donc à ce qu'essaie d'améliorer - pour le moment et j'insiste sur ce point ! - l'industrie de la vidéo et du cinéma, de la captation à la diffusion. En effet, de nombreux écrans qui arrivent sur le marché sont de plus en plus orientés "vidéo" dans mes tests et l'on voit bien que ces écrans essayent d'améliorer des points clefs très spécifiques à la diffusion de vidéos les plus réalistes possibles... alors que cela ne sert à rien pour la retouche photo, surtout quand on fait du softproofing. Mais quels sont ces points particuliers ?

Rappel - Une vidéo HDR filmant une scène, par exemple une place de village du sud en plein soleil donc avec une dynamique d'environ 16/17 diaphragmes donc supérieure à 13 diaphragmes de nos meilleurs capteurs actuels, s'affichera de la même manière sur un écran "photo" donc SDR ou un écran vidéo compatible HDR (quelque soit la norme). Le rendu global (je reparle des reflets spéculaires ci-dessous) sera "HDRisé".

Avec la diversification des usages, il est devenu de plus en plus courant de troquer sa télévision pour son écran d'ordinateur afin de se divertir et, parfois, de regarder des vidéos. Et les besoins sont alors sensiblement différents.
Nous allons voir maintenant que pour améliorer l'expérience visuelle, les écrans dits "vidéos" ou les télévisions ont besoin d’améliorer plusieurs points par rapport à des écrans typiquement orientés retouche photo et que sur ces critères spécifiques, cela fonctionne effectivement de mieux en mieux donc cela apporte réellement une plus-value visuelle et réaliste par rapport aux écrans SDR :

  • Il faut des noirs profonds (pour plus de contraste),
  • Une luminosité en pics très élevée (jusqu'à 10000 nits dans l'idéal) pour afficher les reflets spéculaires notamment,
  • Un contraste de l'écran et/ou une ambiance lumineuse dans la pièce qui s'adaptent image/image au contraste du film.

 

L'affichage des noirs en HDR

Écran Sony 4K HDRL'affichage des noirs est un point crucial en vue d'améliorer l'affichage de nos écrans lorsqu'on veut afficher une vidéo. Un écran ou une télévision HDR doit donc afficher des noirs profonds et plus profonds idéalement que sur un écran SDR. Ce n'est pas facile à obtenir sur les écrans "classiques" (classiques dans le sens que nos écrans sont à technologie LCD depuis longtemps), et c'est bien pour régler ce problème qu'ont été inventées les dalles OLED... qui évidemment possèdent d'autres inconvénients majeurs, comme nous le verrons plus bas.

C'est bien gentil, mais comment obtient-on des noirs profonds sur nos écrans en 2024 ?
 

Revenons un instant en arrière pour commencer... Les écrans n'ont longtemps servi qu'à une seule chose finalement : permettre de retoucher correctement nos images en vue d'une impression. On appelle cela le softproofing (image ci-contre). Et le cahier des charges des constructeurs étaient du coup très simple : il fallait une luminance (on parle souvent de luminosité mais ce n'est pas le terme exact si vous voulez impressionner dans les salons mondains) ne dépassant guère 100 cd/m² et un noir vers 0,5 cd/m² au minimum. J'explique pourquoi en détail sur ma page consacrée à l'impression de nos photos . Pour rappel, cela représente un contraste de 200 : 1 environ donc on est très loin des 100000 : 1 dont on a parlé au début de la page précédente. Et avec les technologies d'écrans LCD (à cristaux liquides), c'est très simple à obtenir.

 


Or, quand on est plongé dans l'ambiance sombre d'un home cinéma, une luminance du point noir à 0,5 cd/m² est alors perçue comme... un gris foncé tout au plus ! Une image avec beaucoup de dynamique n'est alors plus assez contrastée. Les caractéristiques du noir des écrans LCD SDR - et je ne parle même pas des vidéoprojecteurs ! - sont donc parfaitement adaptées à la retouche photo mais pas du tout à la diffusion de film ou vidéo dans une pièce sombre. Il fallait donc fabriquer une nouvelle génération d'écrans aux noirs beaucoup plus sombres. Et un simple calcul nous montre que si on se fixe une luminance maximum à 100 cd/m² il faut des noirs à 0,001 cd/m² si l'on veut respecter la dynamique de l'œil à un instant t de 100000 : 1. Il faut des noirs entre 100 et 500 fois plus sombres !

Les caractéristiques du noir des écrans LCD SDR - et je ne parle même pas des vidéoprojecteurs ! - sont donc parfaitement adaptées à la retouche photo mais pas du tout à la diffusion de film ou vidéo dans une pièce sombre.
 

Maintenant, regardons comment les fabricants d'écrans s'y prennent pour obtenir les noirs les plus profonds afin d'améliorer très sensiblement les contrastes selon la technologie de dalle qu'ils ont choisie. En effet, pour obtenir le plus de contraste possible et puisque qu'on fixe "normativement" la luminance de l'écran à 100 cd/m², il faut s'atteler aux noirs et il faut idéalement des noirs à 0,001 cd/m² au minimum si l'on veut se rapprocher des performances de l'œil humain et ses 100 000 : 1. Avec les technologies LCD "classiques", donc qui n'utilisent pas de techniques particulières dont nous allons bien entendu reparler, on en est très loin en 2024. Avec les dalles OLED, beaucoup plus récentes et complètement différentes, la donne est bouleversée. Voici la situation en 2024 car les Leds des écrans LCD n'ont pas dit leur dernier mot...


Petite rappel : les technologies de dalles d'écran -  Je détaille les différentes technologies de dalle et notamment la technologie OLED sur ma page Technologies-dalle-ecran-photo-video

 


1 - Obtenir des noirs profonds sur les dalles LCD : Leds, Mini-Leds, etc.

Sur les dalles LCD de base - donc à cristaux liquides - il était impossible d'obtenir une grande profondeur de noir jusqu'en 2020/2021 car les Leds qui constituent le rétroéclairage, (beaucoup moins nombreuses que les pixels), doivent être allumées en permanence et les cristaux liquides qui s'interposent entre elles et les pixels RVB de la dalle n'arrivent pas à les cacher complètement. Il persiste de très légères pertes de lumières qui font que les dalles LCD affichent le plus souvent un noir à 0,1 ou 0,075 cd/m² au maximum... sans utiliser d'artifices. Le contraste maximum d'une dalle LCD de "base" calibrée à 100 cd/m² est alors au mieux de 1500 : 1. On n'est effectivement loin des 100000 : 1 demandé par notre œil.
Maintenant, les ingénieurs des écrans LCD ou des télévisions utilisant des Leds ne sont pas restés les bras croisés et ont cherché à améliorer l'idée du rétroéclairage car il possède tout de même un sérieux avantage par rapport aux écrans OLED... dont nous parlerons dans le paragraphe suivant. Comment s'y sont-ils pris ? En jouant sur plusieurs points techniques :

a - la disposition des Leds du rétroéclairage,
b - sur leur nombre, leur taille,
et sur la distance entre les Leds et les cristaux liquides.

Toutes ces idées ou améliorations sont parfois géniales vous allez voir... mais ont un prix, vite conséquent... comme on s'en serait douté !

a) La disposition des Leds

Il est possible de disposer les Leds soit uniquement autour de l'écran donc sur ses bords ou bien uniformément sur toute la dalle. Cela coûte évidemment moins cher sur les bords.

  • Rétroéclairage sur les bords (Edge LED) - Le plus simple et le moins cher - Les Leds sont placées sur les bords ou tout autour de la dalle. C'est moins cher mais c'est également la solution la moins performante. Cela peut convenir pour un usage photo mais en vidéo on sera loin de prendre une claque visuelle ! Surtout, il n'est pas possible de mettre en place le fameux Local Dimming dont on va reparler ci-dessous. Que ce soit pour les écrans photo, vidéos ou les téléviseurs, passez votre chemin...
  • Rétroéclairage Direct LED ou Full LED - Là, évidemment c'est beaucoup mieux - donc c'est plus cher ! - mais on va voir qu'il y a encore deux cas de figures, très significativement différents : si le rétroéclairage Full LED contient peu de Leds (image ci-contre), ou s'il possède de très nombreuses Leds qui sont alors des Mini-Leds (ci-dessous).

b) Le nombre de Leds ou Mini-Leds et l'avantage technique que cela offre...

Il est donc possible de placer plus ou moins de Leds sur une dalle LCD : mais pour quel avantage ? Eh bien pour pouvoir éteindre les Leds quand elles sont inutilisées car cela permet alors afficher des noirs vraiment plus profonds à cet endroit, pardi (image ci-contre) ! Et pour cela il faut placer des Mini-Leds dans le rétroéclairage afin d'en augmenter le nombre. On appelle cela le Local Dimming ou Affichage dynamique local.

Annexe 1 - Le Local Dimming - Cette technique permet donc d'éteindre ou diminuer le rétroéclairage sélectif des Leds là où ce n'est pas nécessaire. L'idée est vraiment ingénieuse. Mais on comprend immédiatement que pour que cela fonctionne bien il faut beaucoup de Leds ! C'est pour cela que certaines dalles Direct ou Full Led sont à rétroéclairage Mini-Leds. C'est le Nec Plus Ultra en 2024. L'écran Apple Pro Display XDR en possède par exemple 576 mais le dernier Dell UP3221Q que j'ai adoré en possède 2000 ! Sur la photo ci-dessous, vous pouvez en compter 960 :

 

Cette dalle LCD possède 960 Mini-Leds afin d'activer le local dimming.


Vous l'aurez compris, plus il y aura de Leds et plus le Local Dimming sera utilisé finement et précisément. Et vous l'aurez également compris, le Graal serait d'avoir autant de Leds que de pixels or cela n'est possible qu'avec des Micro-Leds. On en est loin à grande échelle industrielle car cela coûte très cher (1000 euros le pouce en 2024 selon PPWorld).

Depuis février 2021 - Dans une interview vraiment très éclairante d'un ingénieur du fabricant de dalles TCL, PPWorld nous révèle qu'ils ont réussi grâce à une nouvelle technique appelée OD ZERO (Optical Distance = zéro) à tellement réduire la taille des Mini-Leds - sans pour autant parler de Micro-Leds - tout en les collant sur le panneau des cristaux liquides (d’où son nom), à éliminer l'effet de blooming car les zones de local dimming sont alors considérablement réduites. Ils parlent en effet de zones de seulement 150 microns alors que sur un écran à Leds conventionnelles on parle de bloc Led de 3000 microns. C'est effectivement très petit ! Rappelons enfin qu'un pixel sur un écran de 55 pouces possède une taille d'environ 0,31 mm.

Annexe 2 - Le Blooming - Oui, mais il y a un hic ! et cela s'appelle le Blooming que l'on peut traduire par "halo". En effet, lorsqu'on allume seulement les Leds utiles, elles ne suivent pas toujours les contours de l'objet éclairé à afficher et s'il est placé sur un fond noir, alors cela "fabrique" un halo artificiel autour de lui. Voici deux exemples que j'espère parlant de l'effet de blooming sur des dalles LCD à Mini-Leds avec Local Dimming :

 


Lors de l'essai de l'écran haut de gamme Apple - l'Apple Pro Display XDR, Juan Salvo a mis en évidence ce phénomène avec une séquence filmée parfaitement adaptée (ci-dessus). L'écran de comparaison est un moniteur FSI réputé à plus de 45000 € ! Sur ce deuxième exemple, nous allons prendre un cas de figure bête et méchant :

 


On voit très bien le halo bleuté autour de la croix lumineuse (très lumineuse !). Les Leds allumées pour afficher la croix "débordent" et créées ce halo gênant. Jusqu'à l'arrivée prometteuse début 2021 - sur le papier du moins car nous n'avons pas encore la possibilité de le voir - de l'OD ZERO des écrans TCL, il n'y a qu'en plaçant autant de Leds que de pixels que l'on pourra régler définitivement ce problème... À moins d'utiliser une autre technique d'affichage : l'OLED.

2 - Obtenir des noirs profonds sur les dalles OLED

Les dalles OLED, par construction, n'ont plus besoin de rétroéclairage et cela change tout du point de vue de l’affichage des noirs. En effet, les dalles OLED sont des dalles dites "organiques" (du matériaux vivant pour faire court) qui ne produisent de la lumière que quand elles reçoivent une impulsion électrique. Donc chaque pixel est indépendant de son voisin et le Blooming fait : "pschitt" car quand un pixel n'est pas excité il est parfaitement noir !!!

Donc sur les dalles OLED on va bénéficier de deux avantages énormes par rapport aux noirs donc nous avons besoin pour atteindre notre objectif d'affichage HDR : les noirs sont parfaits et il n'y a plus de blooming. Sur ce critère, l'OLED est parfait.

 

Remarquez la profondeur des noirs dans le ciel, ils sont gris sur les dalles LCD à Leds.


L'image ci-dessus montre clairement cette différence entre les deux technologies.

Note ! Sur le papier, le noir est si parfait qu'on atteint même 1 000 000 : 1, ce qui est flatteur ... mais inutile puisque l'œil est déjà bien servi avec 100000 : 1, je le rappelle ! Bon, ne boudons pas notre plaisir et considérons que cette technologie règle vraiment le problème de l'affichage des noirs, même dans une pièce sombre.

 

 

Note marketing ! Ne vous laissez pas totalement embarquer par les films de démonstration diffusés sur les TV OLED dans les magasins : ils mettent toujours en valeur les noirs en filmant toujours les objets sur fond noir, justement. Et franchement c'est très beau. Mais, avez-vous fait attention à la luminosité des hautes lumières, dans les reflets spéculaires sur ces mêmes dalles ? C'est moins flatteur cette fois. J'en reparle plus loin...

 

L'affichage des hautes lumières et autres reflets spéculaires en HDR

Comme nous l'avons déjà vu, la luminosité de notre écran, surtout si nous sommes plongés dans le noir, ne dépassera guère 100 cd/m². Or, de la même manière que des noirs profonds ajoutent un réalisme saisissant à nos films et vidéos, si nous arrivions à afficher les points lumineux vraiment très lumineux alors l'expérience visuelle sera... éblouissante ! Il nous faut donc, pour compléter nos noirs vraiment noirs, des blancs vraiment éclatants.

 

 

Démystifier la luminosité maximum des écrans !

Mais puisqu'il est inutile car éblouissant d'afficher une luminosité supérieure à 100 cd/m² dans un home cinéma (la norme pour les salles de cinéma est même de 48 cd/m²), pourquoi voit-on apparaître une surenchère de chiffres pour la luminosité maximum des écrans : 1000 cd/m² par ici, 1600 cd/m² chez Apple et son écran Apple Pro Display XDR, et la norme Dolby Vision prévoit même 4000 nits au minimum !?

Eh bien, il s'agit juste de pics de luminosité sur des objets ponctuels comme des reflets du soleil sur une voiture (on parle de reflets spéculaires ci-dessous), la partie la plus brillante d'une flamme de bougies, etc. En effet, toujours pour améliorer la sensation de véracité dans l'image, les fabricants se sont aperçus qu'il serait encore plus réaliste de "balancer" énormément de lumière uniquement sur ces reflets ou autres soleil et bougies... comme dans la vraie vie quoi !

 

Reflets spéculaires sur une voiture

Image HDR de bougies


Donc, quand les marques précisent dans les spécifications techniques de leurs écrans la luminosité, ils parlent bien de pics de luminosité maximum donc diffusés sur quelques pixels seulement s'en quoi nous serions éblouis car, je le répète, nous sommes alors plongés dans le confort ouaté de notre salon ou home cinéma ! Et cette technologie n'est possible qu'avec la technologie HDR.

Note important ! Ce n'est donc pas pour afficher une image plus lumineuse que nous avons besoin d'écrans plus lumineux mais seulement pour afficher de manière plus brillante les éclats de lumières et autres reflets spéculaires. Pour être complet, il faut tout de même préciser que certains écrans sont regardés en plein jour, par exemple dans les magasins, donc dans ce cas, il faut effectivement des écrans plus lumineux mais on parle alors de 600 cd/m² et non de 2000, 4000 ou même 10000 nits !


Que disent les normes HDR à propos des pics de luminance ? Avant de savoir ce que disent les normes HDR (page suivante), demandons-nous quel niveau de luminance devrait afficher ponctuellement nos écrans pour offrir un rendu réalistes sur ces fameux reflets spéculaires : idéalement, il faudrait 10000 nits ou cd/m² ! On en est très loin fin 2024. Cela dit, j'ai noté depuis l'année 2022 des progrès constants sur cette luminosité maximum et effectivement, l'écran Apple est le plus lumineux en pic que j'ai pu mesurer. Le Dell UP3221Q n'était pas en reste avec une mesure à 1400 nits en mode HDR. La norme Dolby Vision, la plus exigeante actuellement, demande 4000 nits à terme donc c'est l'objectif à court terme des fabricants d'écrans vidéo HDR qui souhaiteront obtenir le précieux label.


Résumé sur les luminances maximales des écrans vidéo - Les normes HDR se penchent donc également sur les parties les plus lumineuses des vidéos et ont fixé des objectifs en terme de luminance maximales pour nos futurs écrans. En 2024, on en est encore loin car les meilleures dalles actuelles, très spécialisées car pour les vitrines des magasins, affichent "seulement" 4000 nits. Je rappelle que pour en bénéficier, il faut évidemment que le film ait été tourné en HDR et que l'écran soit compatible HDR.

Où a-t-on vraiment besoin de beaucoup de lumière ?

Puisque la luminosité maximum ne sert qu'à afficher correctement des reflets et autres sources très lumineuses et très ponctuelles, il est donc primordial de pouvoir n'éclairer très fortement que les quelques pixels concernés. Or c'est un vrai challenge en 2024 ! En effet, alors qu'avec l'OLED on arrive vraiment à avoir des noirs profonds sans inconvénient, il est impossible d'avoir des reflets spéculaires lumineux sans inconvénient en 2024, quelque soit la technologie utilisée. Voyons pourquoi.

a) Avec les dalles LCD à Led ou Mini-Leds

Obtenir une forte luminance avec les Leds et autres Mini-Leds devient de plus en plus aisé. À partir de 2020, lors de mes tests d'écrans dédiés au montage vidéo, j'ai mesuré plusieurs dalles au-delà des 1000 cd/m² en pic. Mon record reste les 1600 nits de l'Apple Pro Display XDR.

 

Luminance maximum d'un écran HDR

 


Mais il y a un mais avec cette technologie. Encore et toujours l'effet Blooming dont nous avons déjà parlé avec l'affichage de noirs profonds sur les dalles LCD. Donc oui il est possible d'afficher des pics vraiment lumineux sur des dalles LCD mais l'effet blooming reste vraiment gênant or il faut des écrans extrêmement chers pour ne plus l'avoir, toujours sur ce type d'écrans. Et si notre seul espoir était les dalles OLED ?

b) Avec les dalles OLED

Eh bien, contrairement aux noirs où les dalles OLED excellent, un de leurs plus gros défaut va apparaître lors de l'affichage de pics lumineux : elles en sont incapables. Au mieux, leur luminance maximum ne dépassera pas les 800 cd/m² et encore, péniblement et pas sur une trop grande surface ni très longtemps.

Décidément, afficher beaucoup de contraste sur un écran HDR n'est pas si simple...

Remarques importantes à propos des films publicitaires diffusés dans les magasins de télévisions pour mettre en avant les dalles LCD et OLED - Si vous êtes bien attentifs, vous remarquerez que les films mettant en avant les qualités des écrans OLED insistent lourdement sur les noirs et que les films mettant en valeur les qualités des écrans LCD, notamment Mini-Leds à Local dimming, insistent sur les scènes filmées en extérieur par grand soleil. Eh bien soyez également attentif aux parties les plus lumineuses des films diffusés sur OLED : ils sont finalement assez ternes et inversement, les parties très sombres des films diffusés sur écrans LCD sont finalement plus proches du gris foncés. Cela s'arrange quand le local dimming se met en route sur une scène tournée de nuit. Difficile de choisir n'est-ce pas ? Je remarque, pour finir, que dans l'ambiance lumineuse des magasins où, je le rappelle notre œil ne "travaille" pas de la même manière qua dans une pièce sombre, l'effet Wahou est plus marqué sur les dalles OLED.


 

Rapport de contraste de 1 000 000 : 1 : pourquoi faire ?

Dans les spécifications techniques des écrans et autres moniteurs ou télévisions, on voit tout le temps maintenant à la ligne "contraste" : 1 000 000 : 1. Mais pourquoi faire puisque l'œil est au taquet à 100000 : 1 ?! Tout simplement parce que arithmétiquement parlant, les écrans sont en effet capables de faire le grand écart entre leur noir le plus profond et leur pic lumineux. Cela dit, à un moment t, notre œil se contentera de moins. Dit autrement, j'attends avec gourmandise le moment où un fabricant nous annoncera 1 000 000 000 : 1 !!!


 

c) Et si la solution venait des dalles LCD mais à Micro-Leds ou Mini-Leds mais vraiment très nombreuses ?

Sur le papier et selon les premiers essais réalisés avec les Micro-Leds, cette technologie devrait en effet régler tous les problèmes liés à la diffusion HDR en même temps : des noirs profonds sans halo grâce à un Local Dimming parfait par définition - une Micro-Led par pixel - donc sans blooming et une bonne "pêche" lumineuse grâce aux Leds. Je crois que tous les fabricants en sont convaincus mais tous savent également que cela coûte très cher à mettre en œuvre en 2024. Il n'y a qu'à regarder les nouveautés à Micro-Leds du CES de Las Vegas de 2024. Soyons patient ou... riches !


Led vs Micro-Leds

 

 

Et comment s'adapter au gamma de l’œil ?

Une fois que l'on sait produire des noirs profonds et des des pics de blancs lumineux, reste à savoir les afficher au bon moment car toutes les scènes filmées n'ont pas besoin de forts contrastes en permanence. Comme je l'ai montré page précédente, de nombreuses scènes de la "vraie" vie ne sont pas très contrastées. Et comme l'œil a un gamma qui s'adapte en permanence à l'ambiance lumineuse et aux contrastes des scènes observées, il faudrait, idéalement, que le gamma des écrans s'adapte en permanence au contraste de la séquence vidéo affichée et à l'ambiance de la pièce.

Rappel : pourquoi les images HDR ont ce rendu si "spécial" ?

Comme nous l'avons vu page précédente et sur ma page gamma, lorsqu'on affiche une image "HDRisée" - image ci-dessous - c'est-à-dire une image dont la dynamique a été augmentée en superposant au moins deux photos avec une exposition différente ensemble, celle possède un rendu un peu "spécial" :

 


Cela est essentiellement du au gamma de l'écran (2,2 le plus souvent) qui n'est pas adapté à ce moment là et dans ces circonstances là. Idéalement, il faudrait que le gamma de l'écran change image par image en lisant une métadonnée qu'il l'informerait de ce qu'il y a dans l'image à chaque instant. C'est en partie la pari des normes HDR10 + chère à Samsung et IQ chère à Dolby Vision.

HDR10 + Adaptative et Dolby Vision IQ

Les normes HDR dont je reparle page suivante ont introduit deux nouvelles normes : Samsung a développé une évolution au HDR10 +, le HDR10 + Adaptative et Dolby Vision a développé le Dolby Vision IQ. Le principe, identique dans les deux cas, est basé sur une caméra qui va regarder au moins l'ambiance lumineuse de la pièce dans laquelle on regarde la télévision ou l'écran vidéo afin d'adapter un peu le contraste de l'écran ET lire, en même temps une métadonnée, image par image, indiquant quel contraste elles possèdent. Ce n'est pas encore parfait mais c'est un moindre mal et clairement cela va dans le bon sens.

Dossier HDR - Pages suivantes :

5 / 5 - suite et fin de ce dossier HDR - Les normes HDR : HDR10, HDR1000, HDR10+, Dolby Vision

   
 
 

 
 
 
À travers ces 15 pages et ce dossier de 5 pages consacré au HDR en photo et vidéo je vais partager avec vous mes conseils pour bien choisir votre écran de retouche photo ou de montage vidéo en 2024 :

Sommaire Dossier : le HDR en photo et vidéo

1 - Qu'est-ce que le HDR en photo et vidéo ?
2 - A-t-on besoin d'un écran HDR pour faire de la photo HDR ?
3 - Comment s'affiche une vidéo HDR ?
4 - Spécificités des moniteurs et TV HDR

5 - Normes HDR : HDR10, Dolby Vision, etc.

Retour au dossier affichage et écrans

 

Dossier : comment choisir son écran photo / vidéo ?

FullHD, QHD ou 4K ? 24" ou 32" ? Avec quel câble faut-il brancher son écran : Display Port ou HDMI ? Quelle carte graphique achetée ? A-t-on besoin d'un écran HDR en photo ? À quoi sert l'affichage affichage 10 bits ? Etc.

Dossier complet

 
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